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Automne 1915.
Dans le parc d’une petite ville du pas du Nid-de-Corbeau, on célèbre en famille et avec des amis le mariage de Filumena Costanzo et de Charlie Lassandro. Au cœur de la fête, Filumena semble perdue dans ses pensées, étonnée par la brusquerie de son nouvel époux. Charlie lui a donné un nouveau nom « canadien », Florence, qu’elle refuse de toute évidence. Emilio Picariello, patron de Charlie et grand trafiquant d’alcool, a formé un orchestre pour que le couple exécute sa première danse. Après la danse, Picariello présente Filumena à son fils Steve et les deux jeunes gens éprouvent immédiatement une attirance réciproque. La « chanson de noces » spéciale de Steve est interrompue par l’arrivée du constable Lawson de la Police provinciale de l’Alberta, formidable opposant de Picariello. Plus tard, Filumena, voyant un orage se profiler à l’horizon, pense à sa vie actuelle et à celle qu’elle souhaite avoir.
Hiver, plusieurs années plus tard.
Picariello, Charlie, McAlpine et un groupe de copains contrebandiers sont rassemblés à l’hôtel Alberta de Blairmore. Remarquant que Filumena semble malheureuse, Picariello tente de la consoler. Soudainement, plusieurs puissantes voitures remplies d’alcool surnommées « Whisky Sixes » arrivent à la cave dissimulée en dessous de l’hôtel et la bande de complices décharge en vitesse la boisson illicite. Picariello parle avec Filumena et lui promet que, dès qu’ils auront assez d’argent pour réaliser leurs rêves, ils mèneront tous une vie honnête et rangée. Il lui laisse entendre qu’elle pourrait jouer un rôle utile avec son fils Steve en détournant l’attention des agents de la paix. Le constable Lawson fait irruption et confronte Pic, le sommant de se retirer de « l’entreprise ». Il inspecte les lieux, mais les trafiquants ont eu suffisamment de temps pour éliminer toute trace incriminante et il ne trouve rien qui permette de les inculper.
Début de l’été, l’année suivante.
Dans une prairie alpine à l’extérieur de Sparwood, en Colombie-Britannique, Filumena et Steve attendent de jouer leur rôle. Ils ont à peine fini de pique-niquer et s’adonnent à un jeu de traduction. Filumena gagne et, en guise de prix, Steve lui chante le reste de la chanson qu’il avait commencée le jour du mariage. Ils se sentent passionnément attirés mais Picariello et Charlie, l’époux de Filumena, arrivent et transfèrent l’alcool de leur propre véhicule à celui des deux jeunes gens, qui devront maintenant retourner en voiture en Alberta « en se faisant passer pour un jeune couple d’amoureux ».
Plus tard le même été.
McAlpine, le mécanicien en chef de Picariello, et d’autres amis et complices font campagne pour faire élire « l’Empereur Pic » au conseil municipal de Blairmore. Entre-temps, dans la cuisine de l’hôtel, la tension monte entre Filumena, Steve et Charlie. Ce dernier sait de toute évidence quelle est la vraie nature de la relation qu’entretient son épouse avec Steve. Picariello arrive et adresse la parole à une foule de partisans. Charlie interrompt rageusement le discours : il en a assez de toute l’imposture et des faux-semblants. Une confrontation éclate entre lui et Picariello et, plus tard, entre Picariello et sa femme Maria, qui vient tout juste de se rendre compte de ce qui se passe entre leur fils et cette « femme mariée ». Comme Picariello et Maria vont rejoindre la foule des électeurs, Lawson apparaît dans le hall de l’hôtel – pour rencontrer Charlie en secret.
21 septembre 1922.
Un orage gronde au loin tandis que Filumena, assise seule dans la cuisine de l’hôtel, attend Steve. Charlie entre et dit à Filumena que Steve a décidé de faire ce qui sera, espèrent-ils, l'ultime voyage de contrebande; cependant, Steve aurait dû être revenu depuis longtemps, et donc quelque chose a dû survenir. Maria Picariello arrive elle aussi, se demandant où est son fils. Ensemble, ils envoient chercher Picariello, qui assiste à une réunion du conseil municipal auquel il a été élu. McAlpine fait irruption, ses vêtements sont déchirés et boueux. Il leur annonce que le constable Lawson les a poursuivis, Steve et lui, à travers la frontière de la Colombie-Britannique, que des coups de feu ont été tirés et que Steve a été « gravement atteint ». Fou de rage, Picariello jure qu’il fera payer Lawson si jamais il a tué son fils, puis il attrape Filumena par le bras et part d’un pas furieux en direction de la résidence de l’agent de la Police provinciale de l’Alberta, dans la ville voisine de Coleman.
Moins d’une heure plus tard.
Picariello et Filumena arrivent à la maison de Lawson. Picariello appelle le constable et lui demande de sortir dans le jardin. Lawson apparaît avec sa jeune famille rassemblée derrière lui. Picariello, qui est armé et a flanqué un pistolet dans la main de Filumena, accuse Lawson d’avoir tué son fils. Une rixe éclate entre les trois. Un coup de feu retentit et Lawson tombe au sol.
Fort Macleod, Alberta
La veuve et les enfants de Lawson suivent le cercueil, porté par des policiers provinciaux. La population du pas du Nid-de-Corbeau, mais aussi de l’Alberta et du reste du Canada, réagit à la sensationnelle nouvelle du meurtre et s’interroge sur ce qui s’est réellement passé cette nuit-là et sur le sort qui attend les coupables.
Novembre 1922.
Maria et Steve Picariello rendent visite à Filumena dans sa cellule de prison à Calgary. Ils l’implorent de se déclarer principale responsable de la mort du policier et de sauver ainsi la vie d’Emilio, qui a une femme et des enfants. Filumena se rend compte que Steve n’a jamais ressenti pour elle l’amour qu’elle a pour lui.
1er mai 1923
Filumena et Picariello sont tous deux reconnus coupables du meurtre de Lawson et attendent d’être exécutés au pénitencier de Fort Saskatchewan. Filumena pense à tout ce qui lui manquera quand elle quittera ce monde. Picariello est hanté par la série d’« erreurs » qui l’a conduit à cette fin terrible; il ne supporte pas l’idée de laisser derrière lui sa famille et ses rêves. Les gardiens de la prison arrivent pour le conduire au pilori. Alors que Filumena se prépare à affronter sa propre mort, un éclair illumine soudain le ciel. Elle pense à combien elle a toujours adoré l’orage, puis elle laisse s’éteindre ce dernier regret, prête à partir pour un monde sans orage.