Qui était FILUMENA?
FILUMENA était une jeune immigrante italienne qui vivait dans le Sud de l’Alberta. Née au tout début du XXe siècle en Italie méridionale, elle fut exécutée par pendaison au pénitencier de Fort Saskatchewan. Elle n’avait pas encore 23 ans.
À l’automne de 1915, encore adolescente, elle épousa dans la petite ville du pas du Nid-de-Corbeau Charlie Lassandro, de dix ans son aîné. Cette union ne fut pas heureuse. Filumena fit la connaissance, par l’entremise de son mari, de l’un des personnages les plus colorés du Sud de l’Alberta : Emilio Picariello, surnommé « l’Empereur Pic ».
Picariello était un Robin des Bois modernes qui exerçait des activités tant licites qu’illicites. La loi sur la prohibition entra en vigueur en Alberta en 1915 et l’Empereur Pic, qui avait, entre autres, été hôtelier à Blairmore et fabricant de crème glacée, poursuivit ses activités coutumières en offrant à la population locale de quoi boire, manger et se divertir, sauf qu’il assurait aussi maintenant un service de boissons « sous la table ». L’alcool illicite était importé de la Colombie‑Britannique, où les lois étaient moins sévères. Charlie Lassandro était un employé de l’Empereur Pic et Filumena, s’étant éprise de Steve, le fils de l’Empereur, se retrouva impliquée dans le commerce clandestin de l’alcool.
En septembre 1921, au cours d’une étrange poursuite policière, le constable Lawson blessa Steve Picariello d’une balle au poignet. Steve s’enfuit en traversant la frontière de la Colombie-Britannique, laissant la rumeur se répandre quant à la gravité de ses blessures. Son père et Filumena allèrent confronter le constable Lawson. Une rixe éclata et Lawson, frappé d’une balle, s’écroula et mourut sous les yeux de sa femme et de ses enfants.
Emilio Picariello et Filumena Lassandro furent tous deux reconnus coupables de meurtre à l’issue d’un procès confus et parfois contradictoire. Ni l’un ni l’autre ne se défendirent des accusations et tous deux furent condamnés à la pendaison. Au cours des six derniers mois de leur vie, ils implorèrent la clémence de la cour, puis celle du ministre de la Justice et du premier ministre, mais en vain.
